BURMA, acrylique sur toile, 87 x 81 cm

TRAVAIL FORCÉ, acrylique sur toile, 86 x 86 cm

HUMAN RIGHT ABUSES, acrylique sur toile, 91 x 87 cm

KAREN PEOPLE, acrylique sur toile, 86 x 82 cm

RIVIÈRE KWAÏ II, acrylique sur toile, 36 x 45 cm

RIVIÈRE KWAÏ I, acrylique sur toile, 78,5 x 100 cm

LA FRONTIÈRE, acrylique sur toile, 38 x 47 cm

TROIS PAGODES ENSEVELIES, feuille d’or, acrylique sur toile, 86 x 82 cm

JUNGLE I, acrylique sur foulard, 52 x 51 cm

JUNGLE II, acrylique sur foulard, 52 x 50 cm

JUNGLE III, acrylique sur foulard, 52 x 51 cm

JUNGLE IV, diptyque, acrylique sur foulard, 43 x 115 cm

JUNGLE V, acrylique sur foulard, 49 x 43 cm

JUNGLE VI, acrylique sur toile, 86 x 83 cm

JUNGLE VII, panneau gauche, 49 x 61 cm

JUNGLE VII, panneau droite, 49 x 61 cm

PAGODES À SANGKHLABURI, acrylique sur toile, 86 x 83 cm

PAGODE BOTH GAYA I (Sangkhlaburi, Kanchanaburi, acrylique sur toile, 86 x 83 cm

PAGODE BOTH GAYA II (Sangkhlaburi, Kanchanaburi, acrylique sur toile, 86,5 x 57 cm

LA FRONTIÈRE II,  acrylique sur toile, 38 x 47 cm

SANS TITRE, acrylique sur toile, 80 x 96 cm

VILLAGE EN FEU, acrylique sur toile, 37,5 x 73 cm

En Birmanie (Myanmar), la vie du peuple Karen compte moins que celle des rhinocéros.

Au printemps de cette année-là, avant de participer à l’exposition de Kusatsu, je me suis rendu en Thaïlande. J’ai longé la rivière Kwaï jusqu’au petit village de Sangkhlaburi situé proche de la frontière birmane au nord-est.

Là, j’ai vu la situation tragique des Karens réfugiés dans cette région. J’ai rencontré l’équipe de M.S.F (Médecins sans Frontières) ainsi que d’autres O.N.G. alors présentes sur le terrain et qui faisaient un travail extraordinaire dans la grande urgence du moment...

 

JUNGLE VII, diptyque, acrylique sur toile (bas de pantalon), 49 x 122 cm

Il y eut beaucoup de rencontres. Tout  cela reste encore  très chaud dans ma mémoire et très émouvant.

Le cauchemar des Karens se déroule au fin fond de la jungle birmane, à l’est de la rivière de Tenasserim. Environ 2000 personnes vivent là-bas sans nourriture, sans argent, sans autres vêtements que ceux qu’ils portent. Les familles sont dispersées. Ils sont épuisés, mangent ce qu’ils trouvent, dorment sous de misérables tentes, leurs enfants sont en mauvaise santé et les petits pleurent, les vieilles femmes sanglotent, ils redoutent les affres de la mort. 

Je ne comprenais pas du tout ce qui était arrivé aux Karens, qui avaient depuis les temps anciens une merveilleuse culture.
 

L’accueil a été tel que je suis resté deux mois sur place. Quand je n’avais plus de toile je peignais sur des foulards Bandanas achetés dans les marchés de brousse ou sur mes bas de pantalon que j’avais coupé avec la chaleur qui pouvait dépasser les 40°.

 

Lors les deux mois précédents mon arrivée au village de Sangkhlaburi, en février 1997,  Le Gouvernement du Myanmar (ex Birmanie) occupé par la junte militaire ou SLORC (State Law and Order Restoration Council, Conseil d’Etat pour la Restauration du Droit et de l’Ordre), et dont le bilan en matière des droits humains est terrifiant, a envoyé des troupes dans les villages des Karens, au titre de la protection des espèces animales et végétales dignes de figurer au patrimoine mondial.

 

En effet, dans la partie sud du pays où vivent les Karens s’étend une jungle magnifique qui abrite des animaux rares comme le rhinocéros de Sumatra, des tigres et des éléphants. Le SLORC projette d’y édifier un parc national plus grand que le Masaï-Mara (Kenya) et d’y faire venir les touristes du monde entier.


Mais ce projet en cache un autre : La construction d’un gigantesque gazoduc qui relierait le puits où se trouve un gisement récemment découvert en mer d’Andaman à la Thaïlande limitrophe, traversant de part en part  l’Etat karen. En 1997, des investisseurs français et étasuniens semblent être les bienvenus à ce projet...

Environ 2000 personnes ont été tuées en deux mois, 3000 autres ont été chassées, dispersées et fuient dans la jungle et parfois arrivent à passer en Thaïlande voisine au péril de leur vie.


Parmi les nombreuses personnes qui vinrent à ma rencontre, de jeunes gens pour la plupart, certains finirent par raconter ce qui se passe là-bas :


“ Beaucoup d’hommes, de très jeunes aussi, sont forcés de travailler à la construction des chemins de fer et des routes. Ils servent de porteurs et sont utilisés comme “chair à déminer” par les militaires. Ceux qui résistent sont abattus, leurs cadavres à demi enterrés, bras et jambes restant visibles pour servir d’exemple...”


Quand ce magnifique parc sera ouvert, il faudra dire aux touristes qu’ils risquent non seulement leur vie mais cautionnent indirectement un insupportable nettoyage ethnique.


Propos de Guy Matchoro recueillis par Emma Tsubono à Kyôto, le 30 avril 1997

JUNGLE VII, diptyque, acrylique sur toile (bas de pantalon), 49 x 122 cm